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Cerveau : la chimie de l’amour

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Puisque c’est un sujet à la mode à l’approche de la fête des amoureux, j’ai décidé pour ma part de rester pragmatique et de vous expliquer la chimie de l’amour avec ses phénomènes biochimiques.

Quels sont les circuits cérébraux et les réactions biologiques qui s’activent afin de déclencher cet attachement irraisonné ?

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La rencontre

En général, si l’on exclut les rencontres virtuelles, la toute première étape de la rencontre amoureuse va passer par la perception visuelle de l’autre.

C’est donc le cortex visuel qui va être sollicité sur ce premier contact et son activité sera déterminante concernant la naissance, ou pas, d’une émotion dans le cerveau.

Plusieurs étapes se succèdent en règle générale :

  • Premièrement, le cerveau humain va, de manière fondamentale, considérer comme « beau » ce qui est symétrique.
    Ainsi plus un visage est symétrique, plus il est considéré inconsciemment comme étant beau par le cerveau.
    Ce phénomène s’observe dès la plus petite enfance. Des tests ont été faits sur des nourrissons de quelques mois et de différentes cultures, et leurs réactions d’éveil ont été plus fortes face aux visages les plus symétriques.
  • Seconde étape, quels souvenirs ce visage évoque-t-il ? C’est le rôle du cortex orbifrontal de trier l’information selon laquelle telle nouvelle personne apparue dans notre paysage va être associée à un ressenti agréable, désagréable ou neutre selon les souvenirs inconscients déclenchés par ce physique.
  • Enfin, le cortex orbifrontal, si les informations précédentes ont été traitées de façon positive, va solliciter les régions cérébrales nous aidant à ressentir des émotions, et notamment une région appelée l’insula.
    L’insula nous permet d’avoir la perception consciente de certaines de nos réactions viscérales qui étaient jusque-là inconscientes, afin de nous faire réaliser ce qui se passe.
    Par exemple l’insula va déclencher l’accélération du rythme cardiaque ou des rougissements, qui vont nous faire nous dire « ohlala il se passe quelque chose de différent avec cette personne, il faut que je me bouge ! ».
  • A ce signal, le cerveau déclenche la sécrétion d’un neuro transmetteur, la dopamine, qui va nous aider à agir, nous rapprocher de l’autre, tenter notre chance ! La dopamine envoie à l’organisme de l’énergie pour passer à l’acte, ainsi que des signaux de plaisir et de bien-être.

Le premier baiser

Au moment du baiser, les vaisseaux sanguins se dilatent, entraînant un afflux plus important d’oxygène vers le cerveau, la respiration est plus profonde et les pupilles se dilatent.

Par ailleurs, les lèvres sont constituées de la plus importante concentration de cellules nerveuses de notre corps, qui envoient des informations innombrables vers le cerveau !

Lors d’un baiser, notre cerveau est donc inondé d’adrénaline et de dopamine. Un baiser stimule la même partie du cerveau que la cocaïne, créant ce besoin d’en vouloir toujours plus.

L’attachement : se sentir amoureux

Le premier pas vers l’autre a été fait, et le choc émotionnel se transforme doucement en un sentiment plus profond. L’amour s’installe.

Là aussi plusieurs systèmes sont responsables de ce nouvel état.

  • Tout d’abord il y a un emballement de l’ensemble des systèmes de récompense qui fait qu’on va devenir dépendant de notre partenaire : sa présence nous manque, on a besoin de lui.
    Ce sont les mêmes circuits que ceux impliqués dans la prise de drogue, de nourriture, de boissons. L’amour est donc une drogue puissante.
    Nos comportements frôlent parfois l’obsession, nos conduites sont compulsives : nous sommes impatients, on ne cesse d’appeler son amoureux, nous ne sommes pas raisonnables ! Le circuit désir-plaisir est activé à son maximum.
  • Ensuite vient la phase de l’apaisement, une intimité s’installe et le cerveau active les circuits du plaisir.
    Il inhibe toute réaction de stress, et favorise une relation calme, apaisée, mais encore mêlée de désir.
    Le principal messager chimique déclencheur est l’ocytocine, véritable hormone de l’intimité. Cette hormone, aussi appelée « hormone de l’attachement », est celle sécrétée lors de la maternité, assurant la force du lien entre une mère et son enfant.
    La nature est économe et bien souvent dans l’évolution, la même molécule va venir servir à plusieurs fonctions proches.
    Ainsi, tous les stimuli activés par l’ocytocine dans la petite enfance (odeurs, sons, caresses…) sont réactivés lors de l’attachement amoureux et renforcent le lien avec le partenaire.
    L’ocytocine supprime le stress, et active à son tour des hormones libérées par différentes régions du cerveau pour percevoir le plaisir : endorphines, sérotonine et anandamide.
    Cette dernière est particulière : il s’agit d’une substance naturelle du cerveau dont le cannabis mime exactement les effets. Elle supprime la mémorisation des faits déplaisants et procure un sentiment d’extase et de plaisir !
  • Enfin l’attachement à l’autre est nourri de fantasmes, de rêveries, de projections.
    Cette activité sécrète de la dopamine en abondance et se déroule au sein du réseau cérébral de « l’imagerie motrice ». Ainsi les fantasmes sont à la croisée des chemins entre les idées mais aussi la motivation à agir, permettant parfois de les réaliser !
    Les rêveries prennent aussi leur source dans de véritables souvenirs de moments passés avec son partenaire et l’hippocampe, la région du cerveau impliquée dans la mémoire, est très active, afin de nous rappeler en permanence les moments heureux vécus avec l’être aimé.

La chimie de l’amour pérenne

Cette phase de sécrétion intensive dure 2 à 3 années, responsable de cette thèse qui dit que « l’amour dure 3 ans ».

Malgré tout, pour que l’amour perdure au-delà, le cerveau continue de tricher bien après 3 ans 😉

Certaines zones cérébrales sont désactivées pour doter l’amoureux des « yeux de l’amour ». Les parties du cerveau associées aux émotions négatives et au jugement de l’autre voient leur activité baisser. Ce mécanisme est identique pour une mère qui regarde son bébé.

Confiance, empathie et tendresse stimulent et maintiennent une libération régulière d’ocytocine, véritable messager cérébral de l’attachement.

Ses effets positifs, qui réduisent le stress, stimulent la communication et l’empathie, participent à la perception d’un ressenti de bonheur.

La vasopressine et l’ocytocine sont des neurotransmetteurs « sociaux », ils créent non seulement l’attachement, mais surtout l’attachement exclusif, du « seulement toi », comme si la personne identifiée était unique entre toutes, afin de favoriser une relation durable.

Tous ces mécanismes se mettent donc en place pour que cette personne nous paraisse vraiment formidable, afin de nous « obliger » à rester avec lui/elle le temps de concevoir des enfants et de les élever jusqu’à un minimum d’autonomie.

Pas très romantique tout cela n’est-ce pas ?

Rassurez-vous la recherche est loin d’avoir percé tous les secrets du sentiment amoureux, bien heureusement, et les connaissances scientifiques ne sont pas suffisantes pour rationaliser l’amour et ne le cantonné qu’à cette chimie.

Il est tout bonnement impossible de réduire la sexualité et l’amour humain à un réflexe hormonal. En effet contrairement aux animaux, nous disposons d’un cortex cérébral qui nous donne des capacités de conscience, d’imagination, de langage et de liberté de choix et de comportement.

Rien n’est figé dans le cerveau, de nouvelles connexions entre les neurones se fabriquent ou disparaissent en fonction de nos apprentissages et de notre histoire individuelle : pourquoi cela serait-il différent lorsqu’il s’agit d’être amoureux ?

[sources]

https://www.scienceshumaines.com/qu-est-ce-que-l-amour_fr_14434.html

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