La visioconsultation pour soigner l’addiction
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La visioconsultation me paraît nécessaire pour compléter la logistique actuellement à la disposition des patients et des soignants dans la prise en charge ambulatoire des addictions.
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Un outil complémentaire
Elle me semble adaptée dans 4 cadres principaux :
- la gestion des traitements de substitution ;
- le suivi des sevrages ambulatoires en alcool essentiellement ;
- pour éviter l’isolement et la désocialisation des patients ;
- pour maintenir le « lien patient-soignant » malgré la distance (déménagement etc…).
Gestion des traitements de substitution
Lorsque les patients ne peuvent pas se déplacer pour la consultation de renouvellement de leur traitement de substitution (par la buprenorphine ou le Chlorhydrate de Méthadone) ou pour la délivrance de leur traitement (centre méthadone), vont se retrouver rapidement en difficultés. Ils vont fréquemment se procurer par des voies illicites un « traitement de rue » avec un risque majeur de mésusage, et d’overdose.
La visioconsultation permet alors de mieux appréhender la situation clinique et psychologique grâce à un échange qui s’inscrit dans un cadre plus sécurisant . Nous pouvons alors valider la délivrance exceptionnelle d’un traitement à distance, auprès d’une pharmacien qui connaît le patient, en attendant une nouvelle consultation effective en présence du patient.
Suivi des sevrages ambulatoires en alcool essentiellement
Lors d’un sevrage en alcool réalisé au domicile, la visioconsultation offre un moyen de suivre la bonne tolérance clinique et psychologique du patient. L’adjonction de données facilement enregistrables (prise de Tension artérielle connectée, surveillance de la fréquence cardiaque et de la température) peut alors rendre plus sécurisante cette période où la présence de soignants au domicile n’est pas toujours possible .
Il s’agit ainsi de rendre possible de véritables changements dans la vie des patients qui se sentent alors suffisamment soutenus et encadrés pour s’éloigner de l’alcool (tout en respectant leur désir de ne pas être hospitalisés à ce moment là).
Nous savons que la situation clinique et sociale des patients peut rapidement évoluer et la visioconsultation nous donne alors un angle d’action plus large pour adapter plus rapidement notre réponse médico-sociale (vers une hospitalisation urgente si nécessaire).
Les patients qui souffrent déjà de difficultés à maintenir ou établir un lien social, vont trouver dans la visioconsultation une passerelle facilement utilisable vers l’équipe soignante.
Je vois ainsi cette approche comme très complémentaire du dispositif actuel pour atténuer temporairement le manque d’effectif soignant, en s’inscrivant pleinement dans une politique de réduction des risques.
Maintenir le « lien patient-soignant »
Les mouvements des patients et des soignants (déménagements, changement de poste, etc.) risquent parfois de déstabiliser profondément la réalité du soin.
La visioconsultation peut alors intervenir temporairement (ou plus longtemps) pour faciliter la remise en place d’un lien thérapeutique avec un nouveau réseau de soin.
J’ai ainsi pu consulter un patient il y a quelques jours avec 6000 km de distance entre nous.
En conclusion la visioconsultation me semble essentielle pour faciliter le maintien d’une vraie relation thérapeutique (complémentaire des dispositifs actuellement à notre disposition) en chemin vers l’autonomisation du patient quand elle deviendra possible.
Pour en savoir plus sur le dispositif de soins en addictologie : https://www.drogues.gouv.fr/comprendre/ce-qu-il-faut-savoir-sur/le-dispositif-de-soins-en-addictologie